Samedi 3 octobre s’est tenue à Paris la réunion de fondation du parti Écologistes! rassemblant autour de François de Rugy des élus et militants écologistes.
Invité à la tribune, Christophe Cavard a expliqué pourquoi il souhaitait participer à ses côtés à construire un réseau d’écologistes, convaincus ou à convaincre, pour la plupart non membres d’un parti politique, pour que les institutions de notre République décentralisée ouvre ses portes à la représentation de la société civile.
« C’est parce que les partis politiques dysfonctionnent aujourd’hui et peinent à trouver l’adhésion des citoyens, des acteurs sociaux ou économiques, que nos institutions, garantes de la démocratie et des droits fondamentaux, risquent le discrédit. L’abstention massive en est un marqueur tragique, qui met en péril notre bien commun, la République« .
Christophe Cavard a appelé à fonder une Ecologie républicaine, qui sache amener dans la chose commune, dans la Res Publica, les initiatives, les expérimentations et les alternatives qui construisent au quotidien les solutions d’une transition écologique de la société, et qui porte au cœur des institutions les indispensables changements des modes de pensée et des décisions.
Ci-dessous l’intervention complète de Christophe Cavard lors de la fondation d’Écologistes!
Bonjour à vous toutes et tous.
Je suis venu ici avec des amis qui, comme moi, sont sortis d’EELV avant les fondateurs d’Ecologistes!
Nous avions aussi des désaccords stratégiques avec la direction que pouvait prendre EELV nationalement ou régionalement, mais nous considérions avant tout que le fonctionnement du parti était un échec, et rendait impossible le déploiement du projet de l’écologie politique.
L’ouverture à la société voulue par Bové et Cohn-Bendit s’est refermée, à coups de retours aux règlements abscons, aux jurisprudences internes inefficaces, à la production de règles internes comme autant de barrages à l’énergie et aux initiatives qui rentraient et aéraient Europe Écologie. Bové et Cohn-Bendit sont partis. Nous avons voulu y croire un peu plus longtemps, mais fondamentalement, nous savions bien que ce n’était pas possible. Nous ne sommes pas des pionniers, hein! Depuis 2010 il y a des milliers de gens qui sont entrés et sortis presque aussi rapidement d’EELV, effarés par la bureaucratie interne et la violence des échanges.
EELV est trop tournée vers son fonctionnement interne. Mais nous sommes, nous, persuadés que c’est le lot de tous les partis. Et que c’est impossible à concilier avec ce qu’est l’écologie politique.
L’écologie politique est un mouvement. Il marche sur deux jambes :
– l’une porte au cœur des institutions les réformes et les normes indispensables pour changer les comportements de la puissance publique, réorienter les investissements vers le développement durable et la protection des ressources et de l’environnement.
– l’autre est tournée vers la société, et la multitude d’expérimentations individuelles et collectives qui visent à transformer notre rapport individuel au monde et au gaspillage des ressources.
L’écologie politique nait de la nécessité de tenir ces deux pôles, qui peuvent être complémentaires si l’on est intelligent, s’affronter si ils s’ignorent mutuellement.
Et nous, notre rôle, c’est de tenir les bouts. Par pour le plaisir. Mais pour permettre aux combats institutionnels d’être les plus intelligents et donc les plus efficaces, et pour permettre à toutes les alternatives, tout ce qui peut se passer, jusque dans les marges légales, parce que c’est en avance sur la loi, de rentrer dans le commun, dans la chose publique. La Res Publica.
Nous sommes pour une écologie républicaine, une écologie de la chose publique.
Donc on veut se construire un outil pour que toutes les composantes de l’écologie, des plus intégrées aux plus alternatives, puissent se parler, échanger, construire ensemble des solutions la coopérative que nous voulions au début d’Europe Ecologie, et qui a failli à exister, notamment parce que les Verts n’en voulaient pas.
Et nous voulons que cette coopérative écologiste s’ouvre. Aux citoyens qui veulent co-construire les politiques publiques, aux collectifs qui veulent la transparence de la gestion publique, aux libertaires qui construisent des solutions en marge de la norme, etc.
On veut hacker la politique. Pour faire entrer l’écologie dans la république. Comme les républicains du 19ème ont forcé la porte des institutions napoléoniennes pour y faire entrer la laïcité, comme Léon Blum a forcé la porte de la République pour y faire entrer les droits sociaux, comme la résistance a forcé la porte de la constitution pour y faire entrer l’humanisme. Nous, on pense que l’écologie est le seul projet qui peut contrer le FN. Alors on va utiliser nos techniques non-violentes et coopératives pour que l’écologie devienne majoritaire : ouvrir le plus largement possible, associer des gens qui veulent, de façon permanente ou intermittente, s’engager politiquement.
La méthode, c’est celle de la coalition de projets. Sur une échelle territoriale précise, sur un secteur d’activité particulier, nous chercherons à réunir les acteurs qui partagent nos valeurs démocratiques, républicaines et écologistes. Et plus qu’à les réunir : à leur donner envie de venir.
(…)
Le bien commun, c’est le fruit d’une construction partagée, consciente que les actions et les politiques publiques produisent des effets sur notre environnement, et sur notre capacité à préserver et à transmettre le patrimoine naturel, culturel, social que nous avons à gérer.
Pour y arriver, il n’y a qu’une voie : fonder de véritables concertations entre les usagers, les acteurs des secteurs concernés, les chercheurs, les élus, les techniciens, et rechercher l’objectif qui tend le mieux vers le bien commun. Contrairement à l’intérêt général, le bien commun ne se décrète pas. Il se construit démocratiquement. Et c’est une révolution.
Samedi 26 mars 2016 à Paris Ecologistes! tient sa première rencontre nationale, après l’entrée au gouvernement de 3 ministres écologistes le 11 février dernier.