Lundi 2 février 2015, Christophe Cavard a lancé un premier rendez-vous « dessinons notre avenir », à Nîmes, au Café Olive. Une rencontre qui en appellera d’autres, dans d’autres lieux.

Voir la vidéo qui résume la soirée du 2 février.

Il s’est agi d’abord d’ouvrir une discussion à partir de la question « qu’est-ce qu’être Charlie? »

Près de 80 personnes ont débattu ensemble autour de ce qui pourrait avoir conduit aux évènements tragiques du 7 et du 8 janvier dernier, mais aussi autour de ce qui a pu amener la population à se rassembler massivement dans la rue le 11 janvier.

L’objectif de cette rencontre consistait à dégager quelques thèmes, en lien avec le ressenti et l’expérience de chacun, sans idées préconçues, afin de former par la suite des groupes de travail « dessinons notre avenir » visant à intervenir localement ou dans le cadre de travaux parlementaires, selon les propositions retenues. Les post-it sur lesquels les participants avaient inscrit leurs propositions de thématiques et d’actions ont été récoltés à la fin des échanges pour en faire la synthèse.

Les principaux thèmes sont :

– les espaces publics collectifs (questions équipement, aménagements, urbanisme)

De la parole à l’action

Les personnes inscrites pour y travailler seront recontactées prochainement pour établir avec elles les formes que pourraient prendre leurs participations. Une nouvelle rencontre aura lieu prochainement à Marguerittes.

Des phrases et des propositions clés

Au cours d’échanges cordiaux mais francs, durant lesquels Christophe Cavard a animé les débats, on a pu entendre:.

« Je n’ai pas été choquée par les termes prononcés par le Premier ministre, comme «ghettoïsation »… C’est aussi une réalité. Et arrêtons avec la bien-pensance ambiante ». Une intervention qui a provoqué des réactions à partir desquelles les échanges ont pu s’enrichir.

« Pourquoi ne pas utiliser les outils qui existent tels que la Miviludes, qui observe et analyse le phénomène sectaire, et pourrait constituer un moyen de lutter contre l’endoctrinement des jeunes. »

« Je viens d’une famille populaire issue de l’immigration, à 47 ans et avec un peu de recul, je me demande comment on peut avoir des jeunes « issus de la 4ème génération » qui vont se battre pour faire le djihad à l’étranger ou même en France ».

C’est à ce propos que Christophe Cavard a rappelé la proposition concrète qu’il porte : la création de « brigades d’éducateurs » spécifiquement formés qui viendraient en renfort des contingents déjà existants au sein de l’Éducation nationale, mais qui semblent insuffisants en nombre, et surtout peu rompus aux problématiques de radicalisation ou d’endoctrinement de la jeunesse.

Certains ont partagé leurs interventions au quotidien, comme l’association uzétienne Pyramide 1,présente ce lundi soir. L’association anime des rencontres autour des dessins d’humour et de presse qui instaurent le débat en public, comme lors du festival du dessin et de la photo d’humour « Humour en liberté », les 4 et 5 avril 2015.

Maître Khadija Aoudia (avocat au barreau de Nîmes) a transmis son analyse et expertise du monde carcéral et s’est exprimée sur la problématique de la radicalisation.

«Il y a une méconnaissance de la langue arabe originelle…Ces jeunes dont on parle vont aller se greffer à tout ce qui est lié à de l’endoctrinement etc. Il y a une méconnaissance culturelle dans notre société et un problème identitaire chez certains. Qui connaît aujourd’hui l’émir Abdelkader ? » [Considéré en Algérie comme un symbole du combat contre le colonialisme et contre la domination française et comme étant à l’origine de l’État algérien moderne]

Elle ajoute notamment :

« Moi je suis très optimiste.  Parce que le mouvement dont on fait état est minoritaire… Tous les radicaux ne sont pas des terroristes en puissance. C’est la réalité.  Mais je n’ai pas non plus une vision « angéliste », on peut effectivement craindre que certains jeunes vont se laisser séduire par certains discours. »

Christophe Cavard a souligné une problématique : »Interrogeons-nous sur l’encadrement de ces jeunes revenus du djihad ? On ne peut pas les laisser dans ce milieu carcéral-là (tel qu’il est). » Il a aussi soulevé l’importance d’agir sur les urgences mais aussi sur les causes premières de ce phénomène. D’où l’idée des renforts d’éducateurs, sur lesquels il est revenu, répartis sur l’ensemble des régions. Ils travailleraient de manière transversale, en aval de la radicalisation, au niveau des prisons, dans les quartiers, notamment, en appui des personnels de la PJJ (Protection judiciaire de la Jeunesse), mais aussi en amont, auprès des familles, au sein des écoles, en étroite collaboration avec le monde de l’éducation.

Me Aoudia répond notamment : « pourquoi ne pas créer des cellules de dé-radicalisation, comme cela existe ailleurs ? »

Pour Christophe Cavard « on va devoir travailler ensemble sur les relations entre Sécurité et Liberté, sachant que des lois arrivent à l’Assemblée dont certaines mériteront d’être discutées ».

Le site internet de Christophe Cavard pourra être utilisé pour suivre l’évolution de ce travail commun, à la rubrique : « Dessinons notre avenir ».

Ci-dessous, les dessins du dessinateur Jepida, présent durant toute la soirée (merci à lui !)