la cité des espagnols ne veut plus être oubliée

C’est un quartier connu, et pourtant oublié. C’est un quartier connu, il a même ses panneaux de direction : « Cité des espagnols ». À l’écart de la ville, près de deux cent maisons particulières, construites à partir des années 50 par des réfugiés de l’Espagne franquiste, puis par d’autres, attirés par ce « village » atypique.
Ce jour de la fête des voisins, une bonne partie de la population du quartier se retrouve sur un terrain aménagé prêté par un voisin : buvette, ombrières, de grandes tables de banquet. L’heure est à la fête, mais aussi au sérieux. Car, sur les 175 maisons individuelles du quartier, 45, celles de l’Impasse des Orchidées et du Chemin du Bachas, n’ont pas l’eau potable. Et aucune n’est raccordée au réseau d’assainissement.
Depuis de nombreuses années, une association née du quartier, Tales (« Tout-à-l’égout, environnement, santé ») se bat pour que ce petit morceau de ville puisse disposer de ces deux biens de base : l’eau courante pour toutes et tous, et l’assainissement. Si les précédentes municipalités ont fini par régulariser les constructions, elles n’ont rien fait pour l’eau et l’assainissement. Certaines voies n’ont pas été classées dans le domaine public, et restent à la charge des riverains. Mais ce n’est pas sûr, elles auraient été intégrées, mais la municipalité reste floue. Autre curiosité : on peut voir sur la route principale, des arrêts de bus. Mais de mémoire d’habitants du quartier, aucun bus ne s’y est jamais arrêté. Ils sont au calme, les « espagnols ». Oubliés.
A force de voir trainer leur dossier, les habitants ont monté le ton. Et comme les choses n’avançaient pas à l’amiable, fatigués d’entendre la ville et la métropole se rejeter la responsabilité, ils sont passés à une phase juridique. C’est au tribunal administratif qu’ils demandent maintenant de trancher leur droit à bénéficier de l’adduction et de l’assainissement, en décembre prochain.
Alerté depuis plusieurs années, Christophe Cavard suit ce dossier, dans lequel, soyons honnête, un député a peu de poids direct. C’est du ressort des collectivités territoriales compétentes, en l’espèce la métropole, d’engager ces travaux. Mais le travail d’un législateur, c’est aussi de chercher la solution de droit, et de permettre la médiation, le cas échéant, entre les collectivités territoriales et les associations.
En ce jour de fête des quartiers, ils sont donc nombreux, habitants du quartier, à se presser à l’ombre du franc soleil de septembre, pour un banquet citoyen. Car la mobilisation sur ces questions cruciales est souvent l’occasion de construire une vraie vie de quartier, d’apprendre à se connaître et se reconnaître, et d’apprécier vivre ensemble.
Et à la cité des espagnols, on aime pas seulement se retrouver pour parler. On se retrouve pour partager des rires, du bon vin, et de la bonne chère. Car la gardiane est un délice…
midi-libre-17-09-2016

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